NETTALI.COM – La publication du jour du quotidien EnQuête a ouvert sur les préparatifs de la Tabaski 2019. Ainsi, le grand dossier que notre confrère a consacré au sujet comporte un entretien accordé par Ismaïla Sow, président du Conseil national de la Maison des éleveurs. Ce dernier a alerté sur les contrecoups néfastes prévisibles d’une situation désastreuse.

« La situation des éleveurs, informe Ismaïla Sow, est actuellement très dure, parce que l’hivernage est en retard dans beaucoup de zones. Ce qui fait que beaucoup d’éleveurs sont obligés de se déplacer vers l’Ouest, dans les régions de Tambacounda, car dans la zone nord qui est à vocation pastorale, il n’y a plus de pâturage. Les bergers sont concentrés vers Tambacounda où l’hivernage a déjà démarré dans la zone de Koumpentoum. Et là-bas aussi, on note, malheureusement, une rupture de la saison, depuis quelque temps. Il y a aussi le prix des aliments de bétail qui a considérablement augmenté. Ce qui rend encore la situation plus difficile. Dans certaines zones, le sac d’aliment de bétail coûte jusqu’à 10 000 F Cfa. C’est la catastrophe pour les grands éleveurs ».

A la question de savoir si l’Etat a alloué des subventions aux éleveurs, il répond par l’affirmative.  « Oui, l’Etat a débloqué de l’argent pour subventionner l’aliment de bétail ». Cependant, avertit-il : « Mais,  pour vous dire la vérité, la subvention ne peut pas régler le problème des éleveurs. L’Etat a fait ce qu’il devait faire. Des fonds sont disponibles au niveau de la Caisse nationale de crédit agricole (Cnca) pour subventionner les aliments de bétail dans les différents départements du Sénégal. Mais ce n’est pas du tout suffisant, car l’aliment de bétail seulement ne suffit pas. Il faut aussi du fourrager pour faire vivre les animaux ».

« Notre rôle, souligne-t-il, c’est de former les éleveurs et être leur interlocuteur auprès de l’Etat et des partenaires. Nous avons établi un programme de formation pour les aider et les orienter dans la résilience. Le problème que nous avons maintenant, c’est le code forestier qui est très sévère pour les éleveurs. Je pense que l’Etat doit le revoir et discuter avec les éleveurs et les agents des eaux et forêts. Il faut aujourd’hui une concertation avec tous les acteurs compétents pour mettre en place, ensemble, un code forestier qui accorde aux éleveurs une certaine tolérance pendant les périodes de soudure, parce qu’ils ont besoin des ressources naturelles. Il faut réunir les éleveurs, les forestiers et tous les techniciens pour discuter ensemble. On sait qu’on ne doit pas couper les arbres, mais on peut les tailler en période de soudure, pour faire paître les animaux, parce que même pour garder les arbres comme il faut aussi, il faut les tailler. Et sans sensibilisation et un bon code forestier, certains vont malheureusement continuer à couper les arbres pour faire paitre leurs bêtes, car ils ignorent que cela a des conséquences négatives, à long terme, sur le secteur ».