NETTALI.COM - Un vrai dialogue  est essentiel mais je suis dubitatif quant aux termes de références de celui en cours.

Restreindre les préoccupations nationales à la pacification des rapports entre majorité et opposition ou à la fiabilisation du processus électoral, est vraiment réducteur.

Depuis quelque temps, il y a une montée du communautarisme ethnique et religieux. Ces sujets qui nous étaient jusque-là inconnus, méritent d'être pris en compte.

Lors de ce dialogue, osera-t-on évoquer la corruption qui ruine ce pays et déboucher sur un consensus fort autour de sa lutte ?

Va t'on clarifier la position du Président de la République par rapport à une éventuelle et discutable candidature à un 3ème mandat?

Ce dialogue, servira t'il aussi à mieux encadrer le choix des personnes devant être nommées pour servir le pays et non juste se limiter à cette volonté discrétionnaire et quasi monarchique du Chef de l'État?

L'assistance présente au lancement n'augure en rien de la représentativité de la population actuelle de par sa pyramide des âges. «Les porteurs de pancartes de 1958 et les grévistes de Mai 68 discutent en 2019 pour l'émergence vers un horizon 2035" pour une population dont les 75% ont moins de 40 ans.

Ce dialogue qui vient de démarrer est vital pour une certaine classe politique gangrénée par des contentieux internes extra vivaces et avide de strapontins pour sa subsistance car la politique politicienne reste le cœur de son métier.

Le chemin ayant conduit à la victoire lors de la dernière présidentielle est truffé d'exactions et de violations de toutes sortes. On est alors en plein dans une stratégie de normalisation des rapports entre les protagonistes pour solder un passif politiquement macabre sur fond d'emprisonnements, d’exil ou de candidatures arbitrairement recalées.

Ce dialogue n'est nullement  "national"  si l'on s'en tient à son corollaire normal dans son sens étymologique c'est à dire la prise en compte des intérêts supérieurs de la nation.

C'est juste des arrangements entre politiciens pour une paix des braves avec la caution de personnes ressources ayant des intérêts avec le système. On n'y prend pas réellement en compte les vraies préoccupations du citoyen sénégalais et des choix essentiels à l'amélioration de son futur (emploi, sécurité, santé, éducation, formation, bonne gouvernance, coût de la vie, logement, développement durable souveraineté alimentaire, révolution numérique, intelligence artificielle...).

La cadence politicienne continuera de rythmer la marche du pays pendant que des périls nous guettent de tous bords et à un  moment crucial où nous devons tout faire pour conjurer de manière intelligente la "malédiction" africaine des ressources pétrolières et gazières.

Les vraies concertations ne peuvent qu'être inclusives et ouvertes à tous les segments de notre société sans occulter le moindre sujet d'intérêt capable d'impulser notre essor et de raffermir notre "commun vouloir de vie commune".

La question de cette jeunesse sans avenir ni perspective devrait être au cœur d'un tel débat afin que tous les actes qui en découleront puissent garantir aux générations futures  un legs qui honore ses devancières.

Les bonnes réponses à de mauvaises questions ne seront pas la panacée pour solutionner le quotidien du Sénégalais déjà assombri et pénible. Il est du devoir de ceux qui sont appelés à présider à ses destinées de leur laisser entrevoir les lueurs de l'espérance et de la confiance.

SARAKHE NDIAYE