NETTALI.COM - Lors d’une journée de mobilisation historique, les autorités militaires et gouvernementales tracent les bases d’une souveraineté stratégique fondée sur l’innovation et la production locale.

Le Sénégal a envoyé, ce 20 novembre 2025, un signal fort en faveur d’une transformation profonde de son industrie de défense. Lors de la Journée nationale de mobilisation des investisseurs pour l’industrie militaire, les discours du général d’armée Mbaye Cissé, Chef d’état-major général des Armées, et du général Birame Diop, ministre des Forces armées, ont dessiné les contours d’un virage stratégique majeur : faire du pays un acteur capable de produire une partie de ses propres équipements, afin de réduire une dépendance jugée désormais intenable.

Face à un auditoire composé de ministres, hauts gradés, industriels, chercheurs et investisseurs, le général Mbaye Cissé a prononcé une allocution particulièrement remarquée.
Selon lui, la défense n’est plus seulement une affaire de troupes et de terrains d’opérations, mais exige désormais « du savoir-faire, de l’innovation et du génie national ».

Il a insisté sur l’urgence pour le Sénégal de disposer d’une industrie militaire endogène couvrant des domaines clés : textile et équipements individuels, matériel roulant, électronique, drones, cybersécurité, intelligence artificielle et infrastructures spécialisées.
Le Chef d’état-major a annoncé qu’un projet de loi sur l’industrie de défense est « finalisé » et prévoit la création d’une Agence nationale de l’industrie de défense, chargée d’encadrer et sécuriser les partenariats avec le secteur privé.

Prenant la parole, le ministre des Forces armées, le général Birame Diop, a souligné le caractère critique de la dépendance du Sénégal à l’égard des importations militaires.
« Notre sécurité, notre liberté d’action, notre souveraineté sont en jeu », a-t-il averti, dénonçant un modèle d’approvisionnement soumis aux tensions géopolitiques et à la fragilité des chaînes internationales.

Il a présenté la vision du gouvernement : une autonomie stratégique fondée sur la conception, la fabrication et la maintenance des équipements militaires au Sénégal, à partir d’un écosystème intégrant chercheurs, start-ups, industriels et institutions publiques.

Cette journée de mobilisation ne s’est pas limitée à des déclarations d’intention.
Les autorités ont annoncé plusieurs engagements concrets :

  • sécurisation juridique et financière des investissements privés ;
  • création de zones industrielles dédiées à la défense ;
  • protection renforcée de la propriété intellectuelle ;
  • partenariat public-privé élargi autour du FONSIS et de la future Agence nationale de l’industrie de défense.

Des projets d’ingénieurs sénégalais, déjà lauréats du Prix du Président de la République, ont été mis en avant avec l’objectif d’en accélérer l’industrialisation.

En investissant dans ses capacités industrielles militaires, le Sénégal espère non seulement renforcer l’efficacité opérationnelle de ses forces armées, mais aussi stimuler l’innovation technologique nationale et créer des emplois hautement qualifiés.
Les défis restent considérables : transformer les prototypes en produits industrialisés, attirer durablement les investisseurs et protéger des technologies sensibles.

Mais pour les autorités, le cap est fixé.
Comme l’a résumé le général Mbaye Cissé :« La souveraineté n’est pas un privilège d’État : c’est une responsabilité partagée. »