NETTALI.COM - La disparition de Mamadou Khadialy Sylla, 35 ans, survenue le 26 septembre dans une prison de Campanie, a provoqué une vive émotion au sein de la diaspora sénégalaise en Italie. Les circonstances de son décès restent floues et une enquête judiciaire a été ouverte.

Un climat de colère et d’incompréhension entoure la mort de Mamadou Khadialy Sylla, tailleur sénégalais installé en Italie. Le jeune homme de 35 ans a perdu la vie le 26 septembre dernier dans la prison de Santa Maria Capua Vetere, en Campanie, après une interpellation houleuse à la gare de Caserta.

Selon les premiers éléments, Sylla aurait été impliqué dans plusieurs agressions, dont un vol de téléphone portable. Alertés, des agents de la police ferroviaire sont intervenus pour le maîtriser. L’opération a dégénéré : une bagarre a éclaté et le Sénégalais a été blessé lors de son immobilisation. Transporté à l’hôpital, il a ensuite été écroué avant d’être retrouvé mort dans sa cellule, le lendemain, dans des conditions qualifiées de « mystérieuses » par ses proches.

Manifestations pour « vérité et justice »

La nouvelle de son décès a immédiatement suscité l’indignation. Le 28 septembre, plus d’une centaine de personnes, dont de nombreux Sénégalais vivant en Campanie, ont manifesté sur la place Dante pour exiger « vérité et justice ». Les slogans scandés — « On ne peut pas mourir comme ça », « Nous voulons transparence » — traduisent une méfiance croissante vis-à-vis du système judiciaire et carcéral italien, accusé de banaliser les drames touchant les migrants.

Proches et collègues décrivent un tailleur professionnel et apprécié, reconnu pour sa gentillesse et son sérieux. Un profil qui contraste avec l’image d’un homme violent véhiculée par la version policière de son arrestation.

Face à la pression, le parquet italien a ordonné une autopsie et ouvert une enquête pour homicide involontaire. Trois médecins, dont deux exerçant aux urgences de l’hôpital où Sylla avait été admis, sont visés. La famille, appuyée par des témoignages recueillis par L’Observateur, affirme que des médicaments lui auraient été administrés « de manière rapprochée », soulevant l’hypothèse d’une surdose ou d’une négligence médicale.

La mort de Mamadou Khadialy Sylla vient rallonger la liste des Sénégalais décédés à l’étranger dans des conditions opaques. Pour la communauté migrante, ce nouveau drame illustre la vulnérabilité des étrangers face à des systèmes judiciaires et carcéraux perçus comme hostiles et peu transparents.