NETTALI.COM - La Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) fait face à un véritable fléau : le vol d’électricité par branchements frauduleux. Selon les dernières estimations, ce phénomène a occasionné, au cours des trois derniers mois, un préjudice évalué à plus de 4 milliards de francs CFA pour la société nationale.
Au total, 13 514 750 kilowattheures (kWh) d’électricité ont été soustraits illégalement, représentant une valeur marchande de 2 655 465 195 francs CFA d’énergie non facturée. Ces pertes ont été mises en évidence à la suite d’opérations de contrôle menées dans divers quartiers de Dakar et sa périphérie.
Les descentes ont ciblé aussi bien des zones résidentielles que commerciales : les commerces le long de la Voie de dégagement nord (VDN), certaines parties des cités Alioune Sow et Mixta, les quartiers populaires de Rebeuss, Médina et Grand-Yoff, les marchés très fréquentés de HLM et Petersen ainsi que la zone du Lac Rose et ses environs.
Les résultats sont sans appel : 488 cas de fraude ont été recensés et dûment constatés par des huissiers de justice. Ces pratiques illicites prennent souvent la forme de branchements clandestins ou de manipulations frauduleuses de compteurs, visant à contourner le paiement des factures.
L’ampleur de ces pratiques est d’autant plus inquiétante que l’échantillon contrôlé ne représente que moins de 5 % de la clientèle dakaroise. Ce qui laisse présager des pertes bien plus importantes à l’échelle nationale.
Face à cette hémorragie financière, les forces de l’ordre ont été mobilisées. 322 personnes ont été arrêtées par la police et la gendarmerie, accusées de fraude et de vol d’électricité. Les dossiers sont désormais entre les mains de la justice, avec la volonté affichée de sévir pour faire de ces cas des exemples dissuasifs.
Au-delà du manque à gagner financier, ces branchements frauduleux mettent en danger la stabilité et la sécurité du réseau électrique. Ils provoquent des surcharges, entraînent des coupures récurrentes et exposent les populations à des risques d’incendie et d’électrocution.
La Senelec, déjà confrontée à d’importants défis liés à la production et à la distribution de l’électricité, voit ainsi ses efforts fragilisés par ce phénomène tentaculaire.
Selon des sources proches du dossier, la Senelec entend renforcer ses dispositifs de contrôle, de sanction et de sensibilisation. L’objectif est clair : instaurer une tolérance zéro face aux fraudeurs et protéger l’équilibre financier de la société, dont la viabilité repose sur le paiement régulier des factures par l’ensemble des abonnés.