NETTALI.COM - Dans un contexte financier tendu et sans appui du FMI depuis un an, le Sénégal retourne sur le marché financier régional pour mobiliser 380 milliards de FCFA à travers deux émissions d’ici début juillet. Une opération dont les conditions traduisent les difficultés du moment.

Le Sénégal s’apprête à solliciter à nouveau le marché financier régional de l’UEMOA pour couvrir ses besoins budgétaires. Deux opérations successives sont prévues : la première le 27 juin et la seconde le 3 juillet, pour un montant cumulé de 380 milliards de FCFA.

La levée initiale, fixée à 205 milliards de FCFA, se fera à travers une émission simultanée de Bons assimilables du Trésor (BAT) et d’Obligations assimilables du Trésor (OAT) d’une maturité de 3 et 5 ans, avec des taux d’intérêt de 6,30% et 6,45% respectivement. Cette opération vise à « mobiliser l'épargne des personnes physiques et morales pour assurer la couverture des besoins de financement du budget de l'État du Sénégal », selon les autorités financières.

Presque une semaine plus tard, le 3 juillet, une autre levée de fonds sera organisée pour un montant de 175 milliards de FCFA, avec des conditions similaires : un BAT à un an et des OAT à 3 et 5 ans, avec des taux identiques à ceux du 27 juin.

Ces opérations interviennent alors que le Sénégal ne bénéficie plus de décaissements de la part du Fonds monétaire international (FMI) depuis un an. Si un nouveau programme avec l’institution est en discussion, aucune date de mise en œuvre n’est encore arrêtée. Une situation que le Premier ministre Ousmane Sonko a tenté de relativiser. « Le programme avec certains bailleurs multilatéraux, notamment le FMI, est suspendu depuis un an, mais le Sénégal tient bon. Nous avons les capacités de compter d’abord sur nous-mêmes », avait-il assuré lors du Forum d’investissement « Fii Sénégal ».

Cependant, la comparaison avec la Côte d’Ivoire souligne les écarts de perception et de conditions d’emprunt au sein de la sous-région. Abidjan, qui mobilisera 65 milliards de FCFA sur le marché le 25 juin, bénéficie de taux nettement plus avantageux : 5,7% sur 3 ans et 6% sur 7 ans, illustrant une prime de risque sénégalaise plus élevée en cette période d’incertitudes budgétaires et de tensions politiques.