NETTALI.COM-Détenu depuis vendredi à la prison centrale de Kaolack, l’adjudant-major à la retraite Alioune Kandji est aujourd’hui au cœur d’un scandale aux multiples ramifications, près de sept ans après les faits.
L'ancien gendarme, Alioune Kandji en prison depuis le vendredi 30 mai devra répondre devant la justice d’une série de chefs d’inculpation lourds : association de malfaiteurs, escroquerie, faux et usage de faux, diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat et à agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions.
Le dossier remonte à 2018. Selon Libération, à l’époque, Alioune Kandji, surnommé « Major Kandji », cède plusieurs parcelles situées dans le lotissement du Chemin de fer à Kaolack à l’homme d’affaires Mansour Sy. Montant de la transaction : 28 millions de francs CFA. Sy verse d’abord un acompte de deux millions, avant de solder le reste par chèque. En échange, il reçoit une décharge manuscrite ainsi que… de simples conventions de location, au lieu d’actes officiels de cession.
Un terrain en zone interdite
Lorsque Mansour Sy s’étonne de cette irrégularité, Kandji le rassure et lui promet l’obtention prochaine d’une autorisation de construire. Mais la demande sera catégoriquement rejetée par le service régional de l’Urbanisme de Kaolack. Motif : les terrains relèvent du domaine public et n’ont jamais été déclassés. Pire encore, selon les services domaniaux, ces parcelles sont censées accueillir un projet structurant baptisé « Boulevard du Cœur de ville ».
Sy porte plainte. L’enquête s’élargit et implique deux autres individus : Moustapha Guèye, agent du bloc fiscal de Kaolack, et Mamadou Sarr. Tous deux avaient également vendu des parcelles sur le même site litigieux. Les vérifications faites, les Domaines confirment l’illégalité des ventes.
Des remboursements partiels, un refus catégorique
Face à la gravité de la situation, Guèye et Sarr s’empressent de restituer à l’acheteur les 14 millions de francs CFA perçus. Kandji, lui, campe sur ses positions et refuse de rendre le moindre franc. Interrogé par les enquêteurs, il soutient que les terrains étaient une forme de « paiement en nature » pour des services rendus en tant que responsable de la sécurité des Chemins de fer de Kaolack. Il présente un contrat de prestation… mais aucun document attestant légalement de l’attribution des terrains en contrepartie.
Pire, Libération rapporte que l’ancien gendarme a même affirmé avoir versé une partie de la somme à des responsables de la DSCOS et de l’Urbanisme de l’époque. Là encore, aucune preuve n’a été apportée.
Tentative d’intimidation et accusations politiques
En novembre 2022, après des mois de silence, la justice tente de le convoquer. Kandji refuse de se présenter. Les policiers de la Sûreté urbaine de Dakar, sollicités par leurs collègues de Kaolack, se rendent à son domicile. Là, la situation dégénère : selon Libération, l’homme se retranche dans une chambre avec ses enfants et petits-enfants mineurs, déclarant aux forces de l’ordre qu’il est armé et prêt à faire feu. Les agents sont contraints de battre en retraite.
Pour calmer les choses, un proche de l’ancien régime aurait remis 15 millions de francs CFA à la partie civile, au nom de Kandji. Mais le reliquat de 13 millions n’a jamais été versé. Ce non-remboursement a conduit à son arrestation, plusieurs mois plus tard.
Mais ce n’est pas tout. Le journal Libération révèle également que Kandji aurait tenté de discréditer les enquêteurs, le commissaire de Kaolack et même les magistrats en charge du dossier, en les accusant à tort d’appartenir au parti d’opposition Pastef. Une manœuvre qui a contribué à aggraver sa situation judiciaire.