NETTALI.COM - l’ancien ministre et avocat Me Moussa Bocar Thiam s’est fermement opposé à toute éventualité de poursuites judiciaires contre l’ex-président Macky Sall devant la Haute Cour de Justice. Il dénonce une tentative de règlement de comptes politique.
Alors que le débat enfle autour de la reddition des comptes et des responsabilités de l’ancien régime, Me Moussa Bocar Thiam, ancien ministre sous Macky Sall et maire de Ourossogui, a pris position. Dans les colonnes de L’Observateur, l’avocat a fermement rejeté l’idée de traduire Macky Sall devant la Haute Cour de Justice.
« Aucun magistrat sérieux n’engagera sa réputation pour une mascarade judiciaire », tranche-t-il d’emblée. Selon lui, l’article 101 de la Constitution protège l’ancien chef de l’État, et les accusations de fautes de gestion ou de détournements présumés ne sauraient relever de la haute trahison.
Me Thiam rappelle que cette infraction, définie en des termes très stricts, ne peut en aucun cas être assimilée à de simples fautes administratives. Il s’appuie notamment sur l’exemple historique de l’affaire Mamadou Dia en 1963, où l’avocat général de l’époque, Ousmane Camara, s’était refusé à requérir une peine par fidélité à son serment de magistrat.
Dénonçant des poursuites politisées, Me Thiam estime que ces procédures doivent être conduites « de bonne foi, en toute impartialité et sans manœuvres politiques sous-jacentes ». Pour lui, il serait illusoire de penser que Macky Sall puisse répondre devant une institution instrumentalisée par un régime désireux de l’humilier.
Concernant la traque des anciens dignitaires du pouvoir déchu, Me Thiam considère qu’il s’agit d’une répétition des erreurs de la CREI (Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite) sous Macky Sall. Il dénonce également des accusations sans fondement, notamment sur les dossiers Petrotim, les 94 milliards ou encore la surfacturation du riz pendant la Covid-19.
« Après un an de pouvoir, il est constant que plusieurs déclarations de campagne se sont révélées fausses », assène-t-il.
Enfin, l’avocat critique les exigences de cautionnement imposées à d’anciens responsables, qu’il assimile à une tentative de les discréditer aux yeux de l’opinion publique en laissant entendre qu’ils seraient détenteurs de fortunes cachées.
Un coup de gueule qui alimente un peu plus le débat autour de la reddition des comptes et du traitement réservé aux anciens dirigeants, à l’heure où le régime de Bassirou Diomaye Faye s’engage dans une profonde réforme de la gouvernance publique.