NETTALI.COM - Figure centrale du hip-hop dont les fêtes opulentes attiraient le gratin du show-biz, P. Diddy a rendez-vous, lundi 5 mai, avec la justice américaine à New York, accusé d'avoir mis son empire au service d'un système violent et sans pitié de trafic sexuel.

Vingt années d'un trafic sexuel ininterrompu, jusqu'à son interpellation en 2024. C'est le principal chef d'accusation contre Sean Combs, rappeur et producteur à succès qui s’appelait autrefois Puff Daddy, un nom qui fait clairement référence au cannabis, mais aussi plus tard P. Diddy. Sean Combs, c’est trois Grammy Awards, un Oscar, des millions d’albums vendus, dont quatre certifiés disques de platine. Ce sont aussi des collaborations avec Mary J Blige, Notorious BIG, Jennifer Lopez, Jay Z, ou le pédophile condamné R. Kelly. Il a son étoile sur Hollywood Boulevard à Los Angeles. C’est un homme qui pèse d’un poids énorme dans le milieu musical.

Cinq chefs d'accusation

L'homme est inculpé de cinq chefs d’accusation, dont certains peuvent lui valoir la prison à vie, parmi lesquels « trafic sexuel » et « racket » ou encore « transport en vue d’activités de prostitution ». Les procureurs lui reprochent notamment l’organisation de ce que lui-même appelle des freak offs, des « marathons sexuels » au cours desquels des femmes à qui il faisait miroiter des opportunités de carrière étaient sommées - en étant droguées si nécessaire - de satisfaire ses désirs sexuels ou encore de s’engager dans des activités sexuelles avec des prostitués masculins, pendant plusieurs jours. Le tout filmé à la fois pour le plaisir de Sean Combs et aussi à des fins de faire chanter les victimes pas assez dociles.

Devant toutes ces accusations, l'homme a décidé de plaider non coupable, et alors même que celles-ci semblent suffisamment graves pour que - une star comme lui - soit obligé d'attendre depuis huit mois son procès en prison, dans une section réservée tout de même à des célébrités ou à des gens qui bénéficient d’un traitement privilégié. Pour lui, toutes ces activités étaient consenties. Quatre femmes figurent parmi les accusatrices. L’acte d’accusation les laissent anonymes, mais on sait au moins que la victime dite « n°1 » est Casandra Elizabeth Ventura, « Cassie » pour la scène et ses activités de choriste, l'ex-petite amie de Sean Combs. Comme d’autres femmes, elle l’avait déjà poursuivie au civil dans une affaire qui s’était réglée à l’amiable, autrement dit, moyennant finances. Une vidéo a largement circulé sur les réseaux sociaux : on y voit P. Diddy s'en prendre violemment à elle dans un hôtel de Los Angeles en 2016.

Qui savait quoi et qui participait à quoi

Le procès - qui doit durer huit à dix semaines - et qui commence aujourd’hui par la traditionnelle sélection du jury sera très suivi dans l’industrie du spectacle. Sean Combs connaissait beaucoup de monde et depuis longtemps. Et des fêtes, il en a organisé beaucoup dans ses différentes maisons. Il est donc légitime de se demander qui savait quoi et qui participait à quoi. Il faut dire que ce genre de pratique ne date apparemment pas d’hier dans l’industrie musicale. C’est assez courant depuis les années 70 de faire taire les victimes par la menace ou par des accords de confidentialité moyennant finance (NDA), selon une enquête du Washington Post. Quelques femmes seulement ont osé témoigner et elles ne sont évidemment plus dans le milieu musical.