NETTALI.COM - Désignée pour défendre Farba Ngom devant la commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de son immunité parlementaire, Aïssata Tall Sall n'a pas pu faire le travail. Elle dénonce le refus de la commission de lui donner le dossier.
C'est ce mardi que Farba Ngom devait faire face à la commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de son immunité parlementaire comme voulu par le parquet financier. Mais le travaux ne se sont pas déroulés comme prévu. Et pour cause, Aïssata Tall Sall qui devait défendre Farba Ngom a fini par bouder.
"Farba Ngom n'a jamais refusé de comparaître devant la commission ad hoc", a d'abord expliqué Aïssata Tall Sall face à la presse. Elle ajoute : "De tous les députés, Farba Ngom est celui qui est titulaire du plus grand nombre de mandats. Il était élu en 2012, il a été réélu en 2017, il a encore été réélu en 2022 et il a été encore réélu le 17 novembre dernier par toute la région de Matam qui a donné une victoire éclatante à Takku Wallu." Avant de souligner : "Quand il a été convoqué, Farba Ngom avait la possibilité soit de venir lui-même devant la commission, soit de se faire représenter par son défenseur collègue député que je suis, soit alors de se faire assister par ce collègue défenseur. Et à ce moment-là, c'est tous les deux que nous allions comparaître devant la commission. Farba Ngom a choisi, d'accord avec moi-même et après consultations avec d'autres députés, que son collègue défenseur allait le représenter devant la commission. Voilà pourquoi je suis partie seule. Farba Ngom a voulu mettre ses collègues députés à l'aise. Il ne voulait pas être là du genre pour faire pression sur ses collègues. Voilà la raison pour laquelle Farba Ngom n'est pas venu comme la loi lui en donne la possibilité."
A en croire Aïssata Tall Sall, elle a soulevé une question préjudicielle devant la commission. "Le problème, c'est que personne n'a vu le dossier de Farba Ngom. On parle sur des hypothèses, sur des supputations, mais personne n'a vu le dossier de Farba Ngom en dehors de quelques autorités judiciaires. On ne sait pas ce qu'on lui reproche en dehors de ce que le procureur a écrit. Je ne dis pas que ce que le procureur a écrit est faux. Mais si c'est vrai, quelle difficulté il y a à nous donner les faits. J'ai dit à la commission de nous donner le dossier de Farba Ngom pour que nous puissions l'étudier et nous défendre. Comme dossier, ils ne nous ont donné que les lettres de transmission entre les procureurs", dit-elle. Et de s'interroger : "Est-ce que ce sont ces lettres qui accusent Farba Ngom ?"
Suffisant pour que l'avocate quitte les travaux. "J'ai décidé de ne pas m'associer à cette parodie de commission ad hoc et de dire au président que je quitterais la commission ad hoc si le vrai dossier n'est pas mis à notre disposition. Je ne siégerai pas parce que je ne veux m'associer à une parodie de commission ad hoc", martèle l'ancien ministre de la Justice. Qui poursuit : "Certains de mes collègues m'ont dit que nous ne sommes pas la justice pour qualifier les faits. Mais entre qualifier les faits et connaître les faits, il y a quand même une différence. Voilà pourquoi je n'ai pas défendu Farba Ngom parce que je n'ai pas les éléments me permettant de défendre Farba Ngom. Ils ont décidé de poursuivre la procédure avec les quatre lettres de transmission, alors j'ai décidé de quitter la salle."
De l'avis de Me Aïssata Tall Sall, "la levée de l'immunité parlementaire d'un député est un acte extrêmement grave". "C'est l'acte par lequel l'Assemblée nationale livre un de ses membres à la justice pour qu'elle puisse enquêter. Avant de procéder à cette livraison, l'Assemblée doit avoir un minimum de contrôle et de retenue. Et c'est ce qu'on n'a pas eu aujourd'hui", conclut le défenseur de Farba Ngom.