CONTRIBUTION - Consacrer un Éditorial au Sénégal et à son Président, non personnellement signé, donc endossé par le Groupe Le Monde, est une première. Nous savons que c’est sous la dictée du Quai d’Orsay corrigée par les re-lecteurs de la Cellule Afrique au 2, Rue de l’Élysée, que cette littérature mondaine anti Macky Sall a été publiée. Et, ce n’est pas à l’honneur de cette belle et historique créature de Hubert Beuve- Mery, il y a 79 ans, en 1944, avec de talentueux directeurs de publication comme Louis Dreyfus et Jérôme Fenoglio.
La France officielle a pris du temps pour comprendre enfin que l’Afrique a changé. Hollande semblait avoir compris et il est à féliciter pour avoir secouru très vite, en 2013, le Mali. Macron, jeune Président inexpérimenté, prétentieux et obséquieux s’est vite planté. “ Il n’y a plus de politique africaine de la France”, avait-il proclamé! Il multiplie les déplacements en Afrique, tente de ridiculiser les pays africains francophones en imposant une Secrétaire générale de la Francophonie venant d’un pays dont le français n’est pas la langue officielle à des fins purement nationales de rapprochement bilatéral, snobe le Maroc, force un rapprochement avec l’Algérie accusée de jouer sur la “rente mémorielle”, organise un Sommet Afrique/France à Montpellier sans les Chefs d’Etat africains ainsi humiliés, etc.
Le Monde a manqué l’occasion de questionner la France officielle sur ses échecs en Afrique au lieu de s’attaquer à un Chef d’Etat émérite qui s’est entièrement consacré à son pays, le Sénégal, et à son Continent, l’Afrique, durant ses deux mandats constitutionnels.

A la tête du NEPAD de 2013à 2017, le Président Sall a grandement contribué à promouvoir le développement intégré de l’Afrique par les infrastructures avec le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique(PIDA) dont la BAD est l’organe d’exécution, avec un focus sur le transport, l’énergie, l’eau, les télécommunications et les TIC.

Durant sa présidence de l’Union Africaine en 2022, le Président Sall s’est beaucoup investi pour porter les causes africaines et repositionner le Continent dans la géopolitique mondiale. On lui doit l’obtention de ce siège de l’Afrique au G20. Il s’est battu pour une réforme démocratique du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour une gouvernance mondiale plus inclusive. Co-initiateur du Forum International de Dakar pour la paix et la Sécurité en Afrique depuis 2014, le Président Sall s’est imposé comme un leader engagé dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique et dans le monde.

Au plan national, il a grandement contribué aux avancées démocratiques et à la lutte contre la corruption et les inégalités en promouvant un système d’équité territoriale et sociale à travers une politique de redistribution des revenus jamais connue e dans le pays et en Afrique.

Parlant de la démocratie et de l’état de droit, quelles avancées depuis 2012 ! Avancées que la dissolution du Parti de M. Ousmane Sonko ne saurait anéantir. Et Le Monde doit respecter la législation sénégalaise. En France, des Organisations sont dissoutes aussi, conformément à la loi. Que Mélenchon appelle à l’insurrection, qu’aurait fait le Gouvernement français? Qu’aurait écrit Le Monde?

La France et Le Monde doivent comprendre, une fois pour toutes, que l’Afrique a changé. Le Sénégal a changé. Le Président Macky Sall est un grand intellectuel, ingénieur de formation, homme de gauche et homme de son époque, attaché à son pays et à son Afrique. Il a toujours entretenu les meilleures relations avec le Président Macron qui a manqué d’élégance diplomatique à son égard en dépêchant à Dakar un de ses conseillers pour rencontrer M. Sonko: une bêtise diplomatique impardonnable. A-t-il oublié que Macky Sall est le Président d’un Etat souverain qui définit ses choix et orientations de politique étrangère librement, sans injonction? En recourant au Monde pour mettre la pression sur le Président Sall et ses prises de position audacieuses sur la guerre russo-ukrainienne, la France officielle de Macron se fourvoie. Le Monde se fourvoie aussi et trahit l’idéal de son illustre fondateur, Hubert.

Après ses cuisants échecs au Mali, au Burkina Faso et maintenant Niger, il aurait été plus inspiré pour la France officielle de Macron de ne pas fragiliser le Sénégal en tentant de fragiliser son Président. Les peuples français et sénégalais sont amis depuis des siècles.

Les insuccès diplomatiques de la politique africaine de la France officielle du président Macron s’expliqueraient certainement par le mauvais choix de son équipe- cellule africaine dont le Chef n’a jamais vraiment connu et pratiqué l’Afrique et les Africains. Le Monde doit reprendre ses esprits.

PAR NICOLE BADJI, LYON, FRANCE.