NETTALI.COM-10 ans de réclusion criminelle, c’est la peine qu’encourt Edouard Bissau, attrait à la barre de la chambre criminelle de Dakar pour viol, pédophilie et détournement de mineure.

Si le juge, en rendant sa sentence le 19 juillet prochain, date fixée pour le délibéré, suit à la lettre le réquisitoire du parquet, Edouard Bissau ne quittera pas de sitôt l’hôtel zéro étoile. Pour cause, le maitre des poursuites a requis dix ans de réclusion criminelle contre lui pour les faits de viol, pédophilie et détournement de mineure qui lui sont imputés. Ce, malgré ses dénégations systématiques.

Il ressort de la procédure que la dame Aïssatou Sylla avait remarquée, à son réveil, l’absence de sa fille. Au bout de 48 heures, elle décide d’aller chercher des éléments de réponse dans son établissement. Là-bas, elle apprend que sa fille était chez le nommé Édouard où elle a passé les deux nuits. C’est ainsi qu’Aïssatou Sylla, désemparée, dépose une plainte à la Section de recherches. Après 15 jours, les flics parviennent à avoir le numéro d’Édouard qui a été daredare convoqué. Si, dans le procès-verbal (PV) d’enquête, il est consigné que ce dernier a reconnu avoir entretenu, à deux reprises, des relations sexuelles avec la mineure qu’il a hébergée, le mis en cause a refusé de signer le document clamant son innocence.

Il a persisté dans ses dénégations jusque devant le magistrat instructeur et à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar où il comparaissait ce jeudi. , Édouard Bissau reconnaît connaître la mineure qui était la petite amie d’un de ses colocataires, Moubarak. A l’en croire, il n’a jamais reçu la fille chez lui. “Je la connais à peine. J’ai fait sa connaissance par le biais d’un ami, Moubarak. Ce dernier était mon colocataire. Souvent, quand il voulait contacter la fille, il utilisait mon téléphone, car j’avais constamment des unités. Un jour, Y. M. Traoré, qui avait mémorisé mon numéro, m’a appelé tard dans la soirée. C’était aux environs de 23 h. Quand j’ai décroché, elle a insisté pour que je vienne pour qu’on se voie. Je me suis levé et habillé en tenue correcte. Je suis descendu de chez moi, car on s’était donné rendez-vous au rez-de-chaussée. À peine sorti, je l’ai aperçu avec un jeune homme vêtu de noir. Elle m’a dit qu’elle était partie à une soirée et qu’elle a vu que la porte de sa maison était fermée. Je suis allé là-bas pour vérifier et effectivement, elle avait raison. Elle m’a demandé de la conduire chez son grand frère, mais j’ai refusé, car je devais me rendre au boulot très tôt. Depuis lors, je ne l’ai plus revue’’, a narré l'accusé.

Entendue à son tour, Aïssatou Sylla, mère d’Y. M. Traoré, révèle que sa fille a fugué depuis le mois de mars 2022. Ce qui explique son absence hier lors du procès de son présumé bourreau. Dans le désarroi, elle reconnaît que sa fille est ingérable. “Elle est la seule à être comme ça. Elle est la cadette. J’ai quatre autres filles qui ont toutes des comportements exemplaires. Depuis cette affaire, elle ne cesse de découcher’’, s’est-elle confiée. Admettant que la moralité de sa fille n’est pas des meilleures, elle a imploré la clémence du tribunal pour le comparant. Elle n'a pas réclamé de dédommagement.

Mais le maître des poursuites n’est pas de son avis. Selon le magistrat du parquet, cette affaire, c’est entre le ministère public et Édouard Bissau. “Ses fugues et sa moralité ne nous intéressent pas’’, a souligné le substitut du procureur de la République qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre l’accusé.

Les avocats de la défense ont, à l’unanimité, sollicité l’acquittement d’Édouard Bissau. “Même avec l’absence d’un certificat médical, le parquet reste convaincu que le crime est établi. Aucune plainte contre Édouard n’a été déposée.Tout ce que la fille a déclaré à l’enquête n’est pas vrai. Elle a menti. Le tribunal a son intime conviction, mais cette conviction doit être basée sur des éléments objectifs. Rien ne prouve qu’il y ait eu rapport sexuel. On ne peut pas condamner quelqu’un à 10 ans sans preuve. Ici, c’est déclaration contre déclaration. Au moins, mon client a refusé de signer le PV parce qu’on lui a prêté des propos qu’il n’a pas tenus’’, a plaidé Me El Hadj Dièye.  un des avocats du comparant. Sensible à la détresse de la mère, Me Moise Ndior  déclare : “Ce qui arrive à la mère de la mineure peut arriver à tout le monde. Je comprends son désarroi. Elle qui a tout fait pour inculquer à sa fille une bonne éducation. Malheureusement, celle-ci a choisi une autre voie. Si j’ai une chose à dire à la dame, c’est d’aller chercher sa fille.’’ Par ailleurs, la robe noire souligne des incohérences dans le dossier. “Comment peut-on juger un viol avec simplement des déclarations ? Elle dit juste qu’elle a été forcée par l’accusé. Il a fait deux ans et six mois de détention préventive, alors qu’il est présumé innocent’’, a renchéri l’avocat.