NETTALI.COM - La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a pris des mesures fortes, ce dimanche 3 juillet à Accra. Elle a en effet levé les sanctions commerciales et financières prises depuis janvier contre le Mali. Un accord  a aussi été trouvé avec le Burkina Faso sur un calendrier de 24 mois avant le retour des civils au pouvoir, à compter du 1er juillet 2022.

Le Mali peut souffler. Les sanctions commerciales et financières qui ont été prises depuis janvier et plongé le pays dans des difficultés économiques, ont été finalement levées, ce dimanche 3 juillet. "Le sommet a décidé de lever toutes les sanctions économiques et financières à partir de ce jour" mais maintient les sanctions individuelles et la suspension du Mali des organes de la Cédéao jusqu'au retour à l'ordre constitutionnel, a déclaré lors d'une conférence de presse Jean-Claude Kassi Brou, président sortant de la Commission de la Cédéao.

Le Mali a en effet été le théâtre de deux coups d'Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. Une crise politique qui est intervenue dans un contexte de grave crise sécuritaire en cours depuis 2012, suite à un déclenchement d'insurrections indépendantistes et jihadistes dans le nord.

"Les chefs d'Etat ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l'élection présidentielle", selon certaines indiscrétions d'un autre responsable de la Cédéao. En effet l'adoption d'une nouvelle loi électorale ouvrant la voie à la candidature d'un militaire à l'élection présidentielle, demeurait un possible point de blocage dans les négociations qui durent depuis des mois.

A noter que les autorités ont annoncé mercredi, un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023, et les législatives entre octobre et novembre 2023. Le 17 juin a été adopté une nouvelle loi électorale et la mise en place d'une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution.

... Un délai de 2 ans au Burkina

S'agissant du Burkina Faso, lors de sa visite, samedi à Ouagadougou, le médiateur de la Cédéao, l'ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, a convaincu la junte au pouvoir depuis fin janvier, de baisser la durée de la transition à 29 mois, alors que celle-ci demandait une transition de 36 mois.

Les autorités burkinabè prévoyaient jusqu'alors, les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d'élections législatives et présidentielle. Le nouveau calendrier n'a toutefois pas encore été annoncé.

Vendredi, les partis de l'ex-majorité du président Roch Marc Christian Kaboré renversé, avait dénoncé l'agenda présenté par la junte comme une "manœuvre solitaire qui contraste avec les impératifs d'une transition inclusive et réussie".

L'Afrique de l'Ouest a vu se succéder les coups de force des colonels et lieutenants-colonels en moins de deux ans: ceux de 2020 et 2021 à Bamako, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.

Dimanche, les dirigeants ouest-africains ont choisi comme nouveau président en exercice de la Cédéao Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau et lui aussi victime d'une tentative de Coup d'Etat en février.

Depuis 2020, la Cédéao, alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, multiplie les sommets, les médiations et les pressions pour accélérer le retour des civils à la direction de ces pays.

Les leaders ouest-africains ont par ailleurs rejeté dimanche les 36 mois de transition proposés par la junte guinéenne sans annoncer de nouvelles sanctions, a indiqué M. Brou.

Ils ont nommé un nouveau médiateur, l'ancien président béninois Thomas Boni Yayi, un préalable indispensable pour de nombreux partis d'opposition afin de participer au dialogue voulu par le gouvernement.

La Guinée avait mené cette semaine une intense campagne diplomatique pour apaiser les dirigeants ouest-africains et éviter de nouvelles sanctions, après avoir suscité l'ire de ses voisins en annonçant une durée de transition de 39 mois, depuis ramené à 36 mois.