NETTALI.COM - Exilé en Turquie, à Giresunspor, Younousse Sankharé (32 ans) est au plus mal. Le milieu de terrain, apparu à 9 reprises seulement toutes compétitions confondues, a confié à L'Équipe qu'il avait peur pour sa vie alors qu'il est l'objet de menaces de la part de son club.

Younousse Sankharé vit un véritable cauchemar ces derniers mois. Après une courte expérience au Panathinaikos, le milieu de terrain sénégalais a décidé de rejoindre Giresunspor, promu en Süper Lig après 44 ans d'absence. Un départ en Turquie qui se passe très mal pour l'ancien joueur du Paris Saint-Germain.

Un traquenard pour Sankharé

En effet, le principal intéressé est rapidement devenu persona non grata. Sans raison apparente selon lui. «J'ai démarré le premier match après à peine une semaine de préparation, mais l'entraîneur (Hakan Keles) m'a sorti car on a pris un rouge. Pas de souci, mais pas d'explication non plus. Derrière, je m'aperçois que le coach ne compte pas sur moi, alors que le club a tout fait pour que je signe. On a commencé à me mettre de côté, donc je prends mon mal en patience. Mais, à partir d'un moment, on me donne des amendes pour tout et n'importe quoi, sans me répondre. Je garde encore mon calme. Puis on me demande de baisser mon salaire» , a regretté le joueur de 32 ans dans un entretien accordé à L'Equipe.

Celui-ci, qui a accordé l'entretien au média sportif depuis sa voiture «pour charger son téléphone» car on lui «a enlevé l'électricité et internet» dans son logement, s'est rapidement rendu compte du traquenard.
" C'est monté crescendo. J'ai immédiatement demandé des explications au directeur sportif et lui ai signifié qu'il était donc hors de question de baisser mon salaire", a rajouté Sankharé, aligné seulement à 8 reprises depuis son arrivée l'été dernier, qui n'a pas quitté le club en raison des salaires impayés pour les mois de décembre et janvier alors que certaines de ses amendes représentaient la totalité de ses émoluments mensuels.

Sankharé dans l'angoisse permanente

Le natif de Sarcelles est allé encore plus loin afin de mettre en avant le comportement inacceptable de sa direction dans le but de le faire craquer. " Le directeur sportif m'avait déjà demandé de rendre mon appartement et ma voiture. Ils utilisent tous les moyens de pression possibles. Là, hier (lundi), le président me lâche clairement des menaces. Il m'a dit : "Je retiens les supporters depuis longtemps. Désormais, s'il t'arrive quelque chose, ce ne sera plus mon problème." J'ai essayé de tempérer et il m'a raccroché au nez", a soufflé le joueur formé au Psg à qui on a coupé l'électricité.

Des conditions tellement exécrables que le football est presque devenu secondaire pour lui, qui craint pour sa vie en Turquie.
" Je sens que le climat est hostile. Quand j'ai mes séances, surtout le matin, il n'y a parfois pas de sécurité dans un stade pourtant ouvert à tous. Je ne sais pas si c'est mon inquiétude du moment qui veut cela, mais je vois des personnes suspectes s'approcher. Je me méfie de tout, j'y vais la peur au ventre. (...) Je n'ai jamais connu cela, à ce point. Je m'inquiète vraiment pour ma sécurité. Je ne suis pas serein du tout. Sincèrement, je ne sais pas quoi faire", a soupiré Sankharé qui n'a plus joué depuis le début du mois de novembre.

L'avocat du joueur dénonce le comportement du club

Dans cette bataille, le joueur est logiquement soutenu par son avocat, Me Saïd Harir.
" On a bien vu qu'ils voulaient se séparer de lui et faisaient tout pour le rendre dingue. C'est un comportement schizophrénique. Le but déguisé, c'est de ne pas payer son salaire. (...) Quand le président annonce pouvoir divulguer son adresse aux supporters, on peut avoir les plus grosses craintes pour Younousse. Je lui ai conseillé de rester dans les lieux publics, et jamais seul. On a aussi pris attache avec l'ambassade", a expliqué le juriste. "On nous a clairement dit : "Si vous voulez entrer en guerre, on va faire la guerre" . Les seules armes qu'on a, nous, c'est les lois de la FIFA. Eux font comme si Younousse n'existait plus" , a martelé son agent, Ghali Bouzfour. Une situation peu enviable et regrettable.