NETTALI.COM- Le chef de l’Etat a bien fait de maintenir le flou sur la question du troisième du mandat. Ce serait une erreur, selon l’invité du Jury du dimanche, d’entretenir ce débat alors qu’il vient d’être réélu. 
Le président de la République a bien fait de ne pas répondre à la question relative à un éventuel troisième mandat. C’est ce qu’a laissé entendre le politologue panafricaniste Aziz Salmone Fall qui, par ailleurs, est enseignant au Canada, devant le Jury du dimanche. « Ce serait une erreur désastreuse de penser déjà à un prochain mandat comme le lui reprochent certains », a-t-il fait savoir. Avant d’ajouter : « Je crois qu'il a été très bien élu. Il a une vaste coalition. Il faut le laisser finir son mandat. Il y a une conjoncture et beaucoup de conciliabules, beaucoup de gens vont peut-être le pousser à aller vers cette extrémité. Ce serait vraiment désastreux pour le Sénégal ».
Le politologue s'est aussi prononcé sur la Françafrique. C'est pour prendre le contrepied de Souleymane Bachir Diagne.
Dernièrement, le professeur Souleymane Bachir Diagne a, déclaré à Jeune Afrique que "la Françafrique, c'est fini".  Cette déclaration ne convainc pas Aziz Salmone Fall. Il a donné une autre explication opposée à celle du professeur de philosophie aux Etats Unis. « Ce système est tout le temps en recomposition. Elle va se recomposer parce que la France sans l'Afrique, ce n'est pas possible. Les Africains eux-mêmes ont colonisé la France aussi. Donc, il y a une sorte d'imbrication qui date de très longtemps. Le Sénégal est l'un des pays moteurs dans cette connivence. Il faut revenir sur les liens que nous avons. Nous sommes tous enfermés dans cette colonisation. Et la France a du mal à se distancer. Elle a articulé une grande politique étrangère des immixtions, des interventions, des renversements de régimes », a expliqué le politologue panafricaniste.
A l'en croire, à plusieurs reprises, on a annoncé les post-mortem. Plusieurs fois, on a dit que la Françafrique était morte. « Je pense que c'est des figures de style. Je pense que ce sont des circuits à la fois affairistes, liés à des raisons d'État, liés à des intérêts africains eux-mêmes. Ce n'est pas que la France, c'est un réseau opaque mais parfois qui a des intelligences avec la continuité de certains régimes. C'est le dispositif néocolonial qui a pondu ce système. C'est la dynamique de nos Etas qui doit mourir. C'est-à-dire ces États-là doivent sortir du gang néocolonial pour vraiment s'extirper de ce lien et se battre pour leur propre souveraineté », souligne-t-il. Mieux, il ajoute : « La situation au Tchad, au Mali, ce qui s'est passé en Libye, montrent bien que les agissements de la France continuent. Donc, ceux qui ont prématurément annoncé il y a dix ans, vingt ans, la mort de ce système, peut-être par un excès d'enthousiasme, ne voient pas l'ampleur et l'imbrication des intérêts français dans un pays comme le Sénégal ».