NETTALI.COM - Le marché de la distribution des aides alimentaires, pour lutter contre les effets néfastes de la propagation du Covid-1ç au Sénégal, soulève une suspicion légitime. Le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, dénonce une procédure discriminatoire.

Les 50 milliards de F CFA promis par le président de la République, au titre des dons alimentaires, risquent de faire l’objet d’une bataille ferme entre certains opérateurs économiques. Chez les transporteurs, nous apprend EnQuête, mercredi, la bataille a commencé pour le contrôle du marché de la distribution.

Selon le journal, tout est parti de l’appel d’offres lancé par le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA), sous la tutelle du ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale. Après l’alerte lancée par le coordonnateur du Forum civil, Birahime Seck, “EnQuête’’ s’est rapproché de certains acteurs du secteur pour en savoir davantage.

Joint par téléphone, le secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal salue la décision de l’Etat, mais émet quelques réserves par rapport à la voie empruntée pour procéder à la distribution de ces vivres. Le syndicaliste craint, en fait, le déploiement de toute une machine dont le seul objectif serait de capter le grand marché à milliards, au détriment de certains transporteurs. “Je pense que si l’Etat a pour seul objectif de faire dans la transparence, il aurait pu se rapprocher du ministère en charge des Transports. Ce dernier dispose de toutes les données relatives aux parcs des différents transporteurs de ce pays et même des entreprises’’, plaide Gora Khouma,  secrétaire général de l’URT, syndicat affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS).

Pour mémoire, dans un communiqué, le coordonnateur du Forum civil dénonce le critère consistant à ne retenir, dans le cadre de la distribution des aides alimentaires du gouvernement, que les transporteurs ayant, dans leurs parcs, au moins 50 camions. Pour lui, ceci est un critère discriminatoire qui exclut bien des acteurs du processus et ne favorise pas une utilisation efficiente des deniers publics. “Dans le cadre de la commande en procédure d’urgence (lutte contre la Covid-19), le critère relatif à la sélection de prestataires disposant d’un parc opérationnel d’au moins 50 camions de transport de marchandises est non seulement discriminatoire, mais il favorise la surfacturation, la collusion et une capture des fonds par un groupe de transporteurs’’, regrette le successeur de Mouhamadou Mbodj.

Le risque, souligne Gora Khouma, est surtout de voir certains opportunistes, avec leurs entreprises ou groupements d’intérêt économique, capter tous les fonds, alors même qu’ils n’ont pas 50 camions, comme l’exige le cahier des charges.

Le ministère dément et se justifie

Du côté des services du ministre en charge du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, on botte en touche les accusations et se justifie. “Il faut savoir que nous sommes en situation d’urgence. Le Commissariat à la sécurité alimentaire aurait même pu se passer de l’appel d’offres et passer le marché par entente directe. Mais nous avons voulu être le plus transparent possible. C’est pourquoi nous avons lancé un appel à candidatures ouvert’’, rétorque un responsable du ministère qui a préféré garder l’anonymat. Toutefois, insiste-t-il, la tutelle, pour éviter de se retrouver dans une situation ingérable avec une multitude de contrats à signer, a préféré inclure ce critère lié au nombre de camions. “Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, rien n’interdit à ceux qui n’ont pas 50 camions de s’associer pour intervenir dans l’exécution de ce marché’’.