NETTALI. COM - La légalisation agitée du cannabis, depuis quelques jours, par Seydi Gassama d’Amnesty International, serait un précédent dangereux. Selon le Dr Fallou Samb, ce serait même une catastrophe sanitaire et sociale, si cette proposition, qui cache bien des cafards, venait à être adoptée.

A Seydi Gassama qui préconise la légalisation de l'usage du cannabis, docteur Fallou Samb oppose des arguments sanitaires pour montrer sa désapprobation.

A cet effet, la blouse blanche a expliqué à nos confrères du quotidien EnQuête les ravages de cette drogue sur la santé des concitoyens, en particulier chez les adolescents.

"Chez ces jeunes dont le cerveau est en cours de maturation, souligne le médecin, le cannabis produit des effets particulièrement néfastes, souvent irréversibles. De nombreux troubles physiques et psychiques sont observés, pouvant mener à la schizophrénie".

A son avis, le mécanisme d’action du cannabis est bien connu. Il s’agit, entre autres, de la substance psychotrope. “Le tétrahydrocannabinol (THC) est très soluble dans les lipides. De ce fait, il se fixe aux membranes cellulaires. Il franchit aisément la barrière hémato-encéphalique et s’accumule dans le cerveau. Il y persiste très longtemps. Le THC d’un seul joint demeure plus d’une semaine dans cet organe’’, explique Dr Samb.

En outre, il soutient que son élimination dans les urines dure huit semaines. Après plusieurs joints, cela peut durer au moins deux mois. “Au niveau du cerveau, il provoque de nombreux troubles. C’est la perturbation de la mémoire, défocalisation de l’attention, incoordination motrice, la potentialisation des effets abriant ou hallucinogènes. Il cause également la désinhibition conduisant à des prises de risques, l’anxiété et la dépression’’, fait-il savoir.

Autres effets soulevés par le médecin, c’est que les enseignants constatent que les élèves ont des difficultés à ordonner leurs pensées et manquent d’attention pendant les cours. “La situation s’est encore aggravée, avec l’augmentation constante de la concentration en THC dans les cannabis vendus actuellement. Il y a cinquante ans, le joint contenait 2 à 3 % de THC, alors qu’aujourd’hui, le taux peut atteindre 40 % et devient plus puissant qu’un rail de cocaïne’’, révèle ce membre de l’Ordre national des médecins du Sénégal.

“Le cannabis seul est responsable de 300 morts de la route’’

Selon le Dr Samb, l’un des dangers du cannabis est que son addiction conduit souvent vers la recherche de drogues plus dures, comme la cocaïne. “On estime que 10 à 20 % des patients passent à une consommation plus forte et deviennent accros au crack. Le cannabis seul est responsable de 300 morts de la route et les risques d’accidents mortels sont 14 fois plus élevés, lorsque l’alcool est associé’’, relève-t-il.

Il estime que l’un des arguments des partisans de la légalisation, qui prétendent un contrôle sur la qualité du cannabis produit légalement, est fallacieux. Parce que la porosité de nos frontières, l'instabilité des pays qui nous entourent risquent de faire du Sénégal une plaque tournante de la drogue.

Un autre argument invoqué est l’inefficacité de la répression, telle qu’elle est pratiquée. En vérité, soutient le gynécologue, ceci n’est pas fondé. La criminalisation des drogues par la loi Abdou Latif Guèye, dit-il, est très dissuasive. Elle a permis d'amoindrir les dégâts médicaux et sociaux